Par François Sarano.   

Pourquoi un programme d’étude des cachalots ?

Longitude 181 souhaite faire entendre « la voix de l’Océan ». Elle choisit de donner la parole aux espèces marines les plus fragiles, car leur présence signe l’état de santé des écosystèmes et leur préservation impose de préserver toutes les autres espèces.

Longitude 181 développe trois programmes d’étude, d’information et de préservation : « Grands requins de Méditerranée », « Raies mantas et raies mobulas», et « Cachalots de l’océan Indien ».

Pourquoi donc requins, raie manta et cachalot ?

  • Ces espèces, dont la maturité sexuelle est tardive et la fécondité très faible, sont parmi les plus fragiles. Elles disparaissent les premières, lorsque l’écosystème est perturbé ou exploité, au profit des espèces dont la maturité sexuelle est précoce et la fécondité est forte (par exemple les méduses).
  • Ces espèces qui ont toutes une durée de vie longue (au-delà de 50 ans) sont des indicateurs très simples de l’état de santé des écosystèmes. La présence de grands individus âgés signe indiscutablement le bon état de santé de l’écosystème. En revanche, leur absence traduit presque certainement une forte perturbation. Si les proies manquent, ou si le rythme d’exploitation est trop fort, ces animaux n’ont pas le temps de vieillir, et les grands individus âgés ne sont plus remplacés. Il faut que l’ensemble de l’écosystème soit « stable » et riche pour que les grands animaux puissent vieillir en paix.
  • Tout ce que nous pourrons mettre en œuvre pour permettre à ces espèces de vieillir en paix favorisera la préservation de l’ensemble des écosystèmes dont ces espèces dépendent.

Pourquoi les cachalots ?

La préservation des raies et requins favorisera les écosystèmes de surface, celle des cachalots imposera la préservation des populations de calmars des profondeurs dont ils se nourrissent. Et en conséquence, limitera dans le futur une exploitation irraisonnée des écosystèmes profonds.

Le retour du cachalot est un magnifique symbole du succès des mesures de protection prises il y a 30 ans, par le moratoire sur la chasse aux cétacés en 1980. Le renouveau actuel des populations de cachalots démontre que, si l’on veut, on peut changer le court des choses et que cela ne coûte rien ! Il suffit d’arrêter d’agresser la vie sauvage pour offrir à nos enfants une mer plus riche que celle que nous connaissons aujourd’hui.

Nous sommes à un tournant historique de nos relations avec les cachalots. Autrefois ces grands cétacés fuyaient les bateaux. La génération actuelle n’a pas connu la chasse, pas plus que la précédente qui ne lui a donc pas enseigné la peur des hommes. Aujourd’hui nous pouvons étudier les cachalots, chez eux sous l’eau, car ils nous accueillent parmi eux si nous les approchons avec respect.

Une nouvelle alliance est possible qui démontre que l’état naturel sauvage n’est pas la fuite ou l’agression mais que le côtoiement entre les espèces est naturellement paisible, et que cette « paix » nous enrichit et nous apaise, nous les hommes.

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